L'ancien président de la Commission européenne Jacques Delors (PS) développe un long et vigoureux plaidoyer pour le oui au référendum constitutionnel, dans le Nouvel Observateur à paraître jeudi, et lance la formule accusatrice "ils vous mentent" en parlant des partisans du non.
Avocat du oui à la Constitution européenne, Jacques Delors - dont la photo fait la une de l'hebdomadaire - s'applique à démonter les arguments des partisans du non qu'il qualifie de "mauvais bergers" et de "joueurs de flûte" qui "mentent par omission".
S'adressant à ceux qui "ne veulent pas une nouvelle fois voter avec Chirac", M. Delors les exhorte à "ne pas confondre 2005 et 2007". "Le mécontentement, que je comprends très bien, aura toute possibilité de s'exprimer", assure-t-il en renvoyant aux élections présidentielle et législatives de 2007, "de grâce, ne prenez pas l'Europe comme bouc émissaire".
Quant à ceux de ses camarades du PS qui appellent à voter non, M. Delors trouve "déprimant de voir certains socialistes français renoncer, dire non et abdiquer alors qu'ils n'ont que le mot +luttes+ à la bouche".
S'agissant de la défense des droits sociaux, l'un des arguments développés par les partisans du non, M. Delors affirme que le traité constitutionnel est "un grand progrès" . "Dans la déclaration de principes comme dans la charte des droits, les conquêtes sociales sont protégées au niveau juridique le plus élevé", dit-il. "Ce texte est le plus social de tous les textes européens jusqu'ici mis en oeuvre", assure-t-il.
Sur la partie III, la plus contestée par les adversaires du traité, l'ancien président de la Commission européenne fait valoir qu'elle reprend les précédents traités. "Nous avons approuvé" ces textes, "nous n'allions pas les annuler tout de même", s'écrie-t-il. "C'est un règlement de co-propriété", explique-t-il, "s'ils disparaissent, l'Union européenne n'a plus de base juridique pour son fonctionnement quotidien".
Il réplique à ceux qui craignent - compte-tenu des conditions mises à la révision constitutionnelle - que le texte soit "gravé dans le marbre". "Ce qu'on grave dans le marbre en disant non, c'est la perte d'influence de la France et des pays fondateurs", affirme-t-il.
Enfin il avertit qu'il n'y avait "pas de plan B" alternatif si le traité était rejeté. "Si la Constitution est rejetée, nous resterons avec le traité de Nice et une Europe plus libérale que celle de la Constitution", dit-il.
"Chaque citoyen doit savoir qu'en votant non, il vote non à l'Europe", déclare encore Jacques Delors.