Un message internet appelant des bénévoles à l'aide pour une greffe de moelle osseuse pouvant sauver une fillette atteinte de leucémie est diffusé depuis près d'un an et demi sur la toile, alors que l'appel est désormais obsolète et perturbe les centres de transfusion.
Bien connu des internautes, le message appelant à venir en aide à la petite Noëlie est un "hoax", c'est à dire une information fausse, périmée ou invérifiable, propagée spontanément par les internautes, et concernant un sujet de nature à émouvoir le lecteur.L'affaire est d'autant plus complexe que la fillette est décédée le 1er juin 2004, à 20 mois. Depuis, la chaîne se poursuit, en vain.
Envoyé en novembre 2003 par un membre de sa famille, qui croyait bien faire, le message évoque l'urgence de la situation, expliquant que Noëlie, "atteinte d'une leucémie rare", n'a plus que deux mois à vivre. Il demande l'aide d'"une personne de groupe sanguin A rhésus négatif, de préférence de sexe masculin et âgée de moins de 40 ans".
L'appel précise qu'il faut "faire suivre ce mail au plus grand nombre de personnes que vous connaissez", donnant plusieurs numéros de téléphone de personnes à contacter, au CHU de Rennes, au CHU de Rouen et à l'Etablissement français du sang (EFS).
Le message a généré depuis des milliers d'appels téléphoniques, qui ont très vite saturé l'ensemble des standards des services cités. Régulièrement relayé sur internet, le message tourne sans fin et relance du même coup à chaque fois une nouvelle série d'appels perturbants.
Téléphone neutralisé
A l'EFS de Bois Guillaume, dont le numéro figure dans le message, jusqu'à 600 appels avaient été comptabilisés lors des pires moments de l'affaire, et encore 160 appels ont été enregistrés mardi en une seule journée. "Il n'y a jamais un jour sans un seul appel. En moyenne, on tourne à 50 ou 60 par jour", explique une responsable.
Au CHU de Rennes, où selon le message, la petite Noëlie était hospitalisée, le numéro de téléphone cité a dû être "neutralisé suite au message internet en faveur de Noëlie, qui n'est plus d'actualité", précise un message vocal enregistré.
A l'EFS de Rennes, on confirme en recevoir encore de 5 et 10 par jour. "Au début, le standard ne marchait que pour ça, on était dépassé", précise une responsable. "Bien sur il y a eu pas mal de retombées positives, on eu beaucoup de monde mobilisé et un fichier qui s'est considérablement amplifié pour les greffes de moelle osseuse", reconnaît-elle.
Mais l'EFS n'encourage pas à faire suivre ce genre de messages, souvent inefficaces. L'établissement cherche en effet des donneurs susceptibles d'intégrer une base de données mondiales et non des volontaires pour un cas particulier, qui n'a presque aucune chance d'aboutir.
Par ailleurs, cet appel, lancé dans le désarroi, n'avait pas été bien formulé, confondant groupe sanguin et groupe HLA (nécessaire pour les dons de moelle osseuse).
De plus, au fil de la propagation du message, des erreurs se sont ajoutées. Le prénom de l'enfant a changé, la greffe de moelle s'est transformée en simple don du sang.
"Dans plusieurs années, ce hoax tournera encore au grand dam de la famille et des centres de transfusion", déplore le site internet hoaxbuster.com, qui invite à ne plus relayer l'information.