Le président Bush et le Premier ministre français Dominique de Villepin ont appelé à l'Onu à une mobilisation internationale contre la grippe aviaire qui a entraîné l'abattage de millions de poulets et fait 61 morts en Asie du Sud-est depuis 2003, parmi des personnes en étroit contact avec des volailles.
"Si rien n'est fait, ce virus pourrait provoquer la première pandémie du 21e siècle", a averti M. Bush devant l'Assemblée générale de l'Onu.
"L'ampleur de la menace nous impose de réagir sans délai", a insisté M. de Villepin, invitant à
"conjurer le risque de pandémie", c'est-à-dire d'une épidémie à l'échelle mondiale.
Une épidémie à l'échelle mondiale est à redouter si le virus H5N1 de la grippe aviaire s'adapte à l'homme et devient aussi facilement transmissible entre humains qu'un virus de la grippe ordinaire.Elle est à redouter si le virus H5N1 de la grippe aviaire s'adapte à l'homme et devient aussi facilement transmissible entre humains qu'un virus de la grippe ordinaire. Il pourrait alors provoquer une pandémie de même ampleur que la grippe espagnole de 1918/19 qui a fait entre 20 et 40 millions de morts dans le monde.
L'OMS s'est félicitée de cette prise de conscience internationale.
Une pandémie de grippe pourrait rendre malade 20% de la population mondiale. En quelques mois, près de 30 millions de personnes auraient besoin d'être hospitalisées, un quart d'entre elles mourraient. Ce scénario avait été évoqué fin 2004 par Klaus Stöhr et un autre expert de l'OMS dans la revue américaine Science.
Le Dr Stöhr, coordinateur du programme de l'OMS contre la grippe, avait déjà, dans les mois précédents, prévenu du risque d'une pandémie meurtrière, appelant chaque pays à se préparer.
"Les évaluations les plus prudentes font état de sept à dix millions de morts, mais le maximum pourrait être de cinquante millions ou même, dans le pire des scénarios, cent millions", avait mis en garde, dès novembre 2004, le directeur régional de l'OMS Shigeru Omi lors d'une visite à Hong Kong.
Pour les experts, la question n'est plus de savoir s'il y aura une pandémie, mais quand.L'OMS n'a cessé depuis de marteler ces appels, invitant lors d'une conférence internationale à Kuala Lumpur en juillet à "mener une guerre totale contre le virus" et à "se préparer au pire". Pour les experts, la question n'est plus de savoir s'il y aura une pandémie, mais quand.
Inquiets du manque de préparation, des scientifiques avaient aussi, en mai dans la revue scientifique Nature, appelé les pays du G8 à agir pendant qu'il est temps.
Evoquant une "course contre la montre", le spécialiste américain Anthony Fauci préconisait notamment d'accentuer les efforts pour mieux détecter le danger et répondre en cas d'épidémie déclarée: médicaments antiviraux et vaccin.
Il faudra plusieurs mois pour mettre au point un vaccin, une fois que le virus dangereux émergera, mais des essais sont déjà en cours à partir du virus aviaire connu. Répondant à l'appel de l'OMS, plusieurs pays ont déjà constitué des stocks de Tamiflu, un antiviral susceptible de réduire la mortalité, mais dont les capacités de production restent limitées.
"Il reste beaucoup à faire en matière de production de vaccins et d'équité: il faut s'assurer que les pauvres ont accès aux médicaments et à un vaccin quand celui-ci sera mis au point", a souligné jeudi une porte-parole de l'OMS, Christine McNab.
En évoquant un "nouveau partenariat international" contre la grippe aviaire, le président Bush n'a parlé que d'un engagement pour tout pays touché de partager immédiatement "informations" et "prélèvements".